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Le 31 juillet 2014.
Nous consacrons un dossier spécial au
Centenaire de la Première Guerre Mondiale.
Voici quelques commentaires sur les
ouvrages sélectionnés pour vous.
Les écrivains combattants :
Réné Benjamin - « Gaspard » - Prix Goncourt 1915
Un roman étonnant, par le style notamment.
Un roman étonnant, par le style notamment.
René Benjamin met en scène un drôle de phénomène – Gaspard-,
grande gueule, joyeux, charismatique… et parigot !
Il nous décrit les tout premiers moments de la guerre, les
premiers départs, quand les soldats prenaient la route en uniformes éclatants,
convaincus de leur supériorité et pensaient qu’en quelques semaines, ils
allaient renvoyer les « Alboches » chez eux et vite rentrer dans
leurs foyers…
Un écrit sur la vie quotidienne d’un soldat qui part au
front, bien ignorant de ce qu’il va y vivre. Un personnage attachant, un livre
à découvrir.
Aujourd’hui, il peut paraître désuet, insolite, mais il
reflète une époque, un état d’esprit et un langage savoureux à lire.
Roland Dorgelès – « Les Croix de Bois ».
Un roman qui remue. Inspiré de sa propre expérience au
Front, Roland Dorgelès nous fait partager, avec réalisme et humanité, le
quotidien des soldats dans les tranchées. De l’angoisse avant les assauts, aux
petits moments de bonheur volés et précieux durant les périodes de répit, en passant
par les relations entre camarades d’unité, les modes de fonctionnement de
chacun, les langages,… le récit de Dorgelès nous apprend beaucoup sur les
conditions de vie de ses héros anonymes.
« Maintenant, nous
savourons la moindre joie, ainsi qu’un dessert dont on est privé. Le bonheur
est partout : c’est le gourbi où il ne pleut pas, une soupe bien chaude,
la litière de paille sale où l’on se couche, l’histoire drôle qu’un copain
raconte, une nuit sans corvée… Le bonheur ? mais cela tient dans les deux
pages d’une lettre de chez soi, dans un fond de quart de rhum. Pareil aux
enfants pauvres, qui se construisent des palais avec des bouts de planche, le
soldat fait du bonheur avec tout ce qui traîne.
Un pavé, rien qu’un pavé, où se
poser dans ruisseau de boue, c’est encore du bonheur. Mais il faut avoir
traversé la boue, pour le savoir. »
Maurice Genevoix – « Ceux de 14 – Sous Verdun ».
Un incontournable. Peut-être à lire après tous les autres, parce qu’il y a tout dans ces écrits : la rigueur des faits (une mine d’or pour les historiens sans aucun doute), la vie au quotidien dans ses moindres détails, l’horreur des jours en première ligne, la renaissance durant ceux de « repos », l’incompréhension, le désarroi, la capacité – au cœur du pire – de voir l’étincelle de beauté offerte par la nature, si dévastée soit-elle. Et surtout, et toujours, la fraternité, l’humanité de l’homme, envers tous les hommes.
« Cela surtout sera dur. Lorsqu’on a faim, on serre sa ceinture d’un cran, on écrit des lettres, on rêve. Lorsqu’on a froid, on allume une flambée, on bat la semelle, on souffle sur ses doigts. Mais lorsque le cœur s’engloutit peu à peu en des marécages de tristesse, lorsque la souffrance ne vient pas des choses, mais de nous, lorsqu’elle est nous-même tout entier, quel recours ? A quoi se cramponner pour échapper à cet enlisement ? On voit, lorsque l’hiver commence, des fins de jours si lugubres !… »
Un incontournable. Peut-être à lire après tous les autres, parce qu’il y a tout dans ces écrits : la rigueur des faits (une mine d’or pour les historiens sans aucun doute), la vie au quotidien dans ses moindres détails, l’horreur des jours en première ligne, la renaissance durant ceux de « repos », l’incompréhension, le désarroi, la capacité – au cœur du pire – de voir l’étincelle de beauté offerte par la nature, si dévastée soit-elle. Et surtout, et toujours, la fraternité, l’humanité de l’homme, envers tous les hommes.
« Cela surtout sera dur. Lorsqu’on a faim, on serre sa ceinture d’un cran, on écrit des lettres, on rêve. Lorsqu’on a froid, on allume une flambée, on bat la semelle, on souffle sur ses doigts. Mais lorsque le cœur s’engloutit peu à peu en des marécages de tristesse, lorsque la souffrance ne vient pas des choses, mais de nous, lorsqu’elle est nous-même tout entier, quel recours ? A quoi se cramponner pour échapper à cet enlisement ? On voit, lorsque l’hiver commence, des fins de jours si lugubres !… »
Les écrits d’aujourd’hui :
Ken Follett – « La Chute des Géants – Le Siècle,
T1 ».
Un pavé, passionnant, qui nous détaille sous une forme
romancée les tenants et aboutissants de la première guerre mondiale. L’histoire
se déroule parallèlement en Angleterre, au Pays de Galle, en Allemagne, en
Russie, aux Etats-Unis ; dans chaque pays, nous suivons des personnages
attachants qui seront tous impliqués dans le conflit, nous (re)découvrons les
relations entre les « grands » de l’époque, nous détaillons les
conditions de vie à la fois des civils et des soldats.
Un plus qu’on ne trouve pas forcément dans les récits de
guerre : l’évocation des femmes et de leur place dans la vie - qui se
modifie grandement à cause des évènements – est très présente.
Un moins : la France ne fait quasiment pas partie du
roman, alors qu’elle est la terre où s’ancre le conflit !
Une belle leçon d’histoire, un grand plaisir de lecture.
Attention, nuits blanches en perspective pour les accros !
Marc Dugain – « La Chambre des Officiers ». 18 prix littéraires
Marc Dugain, à travers son premier roman, rend hommage à son
grand-père et aux « gueules cassées ». Il nous conte l’histoire d’un
officier qui, au tout début du conflit, sans même avoir vu l’ombre de l’ennemi,
se retrouve au Val de Grâce, dans un service spécialisé qui accueille les
mutilés de la face. Il y restera jusqu’après la guerre. Nous suivons son
douloureux parcours, les amitiés indéfectibles qu’il va nouer avec d’autres
blessés, son retour délicat dans la société, sa vie jusqu’à la fin de la
seconde guerre mondiale. Avec pudeur et humanité, l’auteur se met à la place de
son héros et nous entraîne dans un quotidien poignant.
« Nous n’évoquions jamais
l’avenir entre nous, mais je commençais à y penser. Par petites touches
successives. Il s’annonçait aussi douloureux que le passé. Ou plus. Le passé
nous avait pris par surprise, comme la foudre sur un arbre tranquille. L’avenir
s’approchait à petits pas de vieillard. Le futur immédiat paraissait le plus
effrayant. Un jour ou l’autre, il faudrait se décider à sortir pour de
bon. »
Pierre Lemaître – « Au revoir là-haut ». Prix Goncourt 2013
Une claque ! Oui, une sacrée claque de lecture !
Quel style, quelle histoire !
Un pavé qui se dévore, tant l’histoire semble insensée et
pourtant, tellement possible…
Ici, nous vivons les tout derniers jours de la guerre et
surtout l’après-guerre. Le difficile retour des soldats, choqués, traumatisés,
blessés, mutilés. Rejetés aussi.
Pierre Lemaître croque ses personnages de manière
exceptionnelle, il enchaîne les scènes comme dans un film, il conte l’horreur
avec un humour dévastateur, il nous emmène vivre des événements tellement
extra-ordinaires qu’on file vérifier si la fiction rejoint la réalité, dès
qu’on pose le livre ! Nous ne dévoilerons pas la réponse… laissez-vous
embarquer !
Bandes dessinées adultes :
Jacques Tardi et Jean-Pierre Verney - « Putain de Guerre ! »
Réaliste et fidèle, la vie des poilus mise en images avec talent par Tardi.
Réaliste et fidèle, la vie des poilus mise en images avec talent par Tardi.
Jean-Pierre Verney, dans la deuxième partie de l’album,
présente le conflit dans ses grandes lignes, année par année, des photos
d’époque, les bilans des pertes humaines.
Enfin, en dernière page, un aperçu intéressant de l’argot
des poilus.
Documentaires :
Jean-Pierre Tubergue - 1914-1918 : Les journaux de
tranchées - la Grande Guerre écrite par les poilus.
Un ouvrage passionnant, dans lequel on découvre la
« presse des tranchées ». Très rapidement, après le début du conflit,
les unités ont fabriqué – avec les moyens disponibles, très réduits ou plus
élaborés – leurs journaux ! Un recueil qui nous emmène au cœur de la vie
des combattants qui, pour oublier, supporter, détourner, un quotidien souvent
indicible, écrivent, dessinent, poétisent,… avec humour (souvent féroce),
créativité, dérision.
Livres Jeunesse :
Michael Morpurgo – « Soldat Peaceful ».
Un roman paru chez Gallimard Jeunesse, dédié à un jeune
public donc.
Pourtant, les adultes auraient bien tort de passer à côté de
cette pépite.
L’histoire de Tommo, embarqué à 15 ans dans la folie
meurtrière des hommes, qui revisite sa vie, les bons comme les mauvais moments.
Une histoire émouvante, forte, des personnages bien campés,
les sympathiques comme les antipathiques. Une histoire triste, mais belle. À ne
pas rater.
Arthur Ténor – « Il s’appelait… le soldat
inconnu ».
Un ouvrage Folio Junior, recommandé à partir de 10 ans.
L’histoire commence à la naissance d’un petit garçon que
l’on va suivre tout au long de sa vie. Il sera l’un des soldats de la Grande
Guerre. Le récit évoque avec simplicité et justesse l’évolution de sa
personnalité, de son état d’esprit par rapport à la guerre : l’idée qu’il
s’en faisait, la réalité qu’il découvre, la vie de ceux qui sont « à
l’arrière ». C’est aussi un grand amour qui traverse le temps.
Un support très intéressant pour expliquer la symbolique du
« soldat inconnu », comme l’indique le titre.
Et voici un lien pour connaître l’autre fin du livre, dans
la version intégrale (qui n’est pas celle du Folio Junior) !
Michael Morpurgo – « Cheval de Guerre ».
Une belle histoire, qui raviva les amis des chevaux, et tous
les lecteurs, quel que soit leur âge. Celle d’un cheval amené à vivre, bien
malgré lui, de tumultueuses aventures durant la première guerre mondiale. Celle
d’une amitié aussi, avec son maître de cœur, que les années et les vicissitudes
traversées n’éteint pas. De belles rencontres.
Une des originalité de l’histoire est qu’elle est racontée
par le cheval lui-même !
Publié en 1982, ce livre a depuis fait l’objet d’une
adaptation au théâtre et d’un film réalisé par Steven Spielberg en 2011.
« Mais regarde-le,
Karl ! Tu ne vois pas qu’il a quelque chose de spécial ? Celui-là, ça
n’est pas un cheval comme les autres. Dans ses yeux, il y a de la noblesse, et
une sérénité royale. Est-ce qu’il n’incarne pas tout ce que les hommes cherchent
à être sans y parvenir ? Je te le dis, mon ami, dans un cheval il y a
quelque chose de divin, particulièrement dans un cheval comme celui-ci. Dieu a
vu juste le jour où il les a créés, les chevaux. Et trouver un cheval pareil au
milieu de cette saloperie de guerre, pour moi, c’est comme trouver un papillon
sur un tas de fumier. Nous n’appartenons pas au même univers qu’une telle
créature. »
J'ai lu "Soldat Peaceful", "Cheval de guerre" et "Il s'appelait ... le soldat inconnu" ils sont très bien, j'ai adoré !!!!!!
RépondreSupprimerJ'ai juste un peu pleuré dans "Cheval de guerre" il n'empêche qu'il était génial.
Annabelle.